"Cécile Souchois-Bazin ne crée pas l’émotion, elle est émotion. Elle ne raconte pas, elle incante. Sa présence, sa prestance, son élégance, sont déjà une histoire silencieuse qui chuchote au travers d’elle. Et puis il y a les mots, l’invisible qu'elle dessine et qui prend forme sous nos yeux. C’est le temps joueur et amusé qui s’invite, se ralentit, se presse comme pour mieux nous envelopper dans ses bras. Des récits qui nous parlent des humains, de leur désir, de leur affection, de leur choix, de leur liberté. Qui nous engagent à participer à la réalité du monde, yeux ouverts, corps vibrants et langue déliée." Sandra Thomas (avril 2018)
« [Tout un po'aime]
C'est encore une jolie pépite que le Théâtre de poche - Toulouse nous invite à découvrir cette semaine. Le coeur d'une femme ne bat pas seulement sous le sein gauche est sorti du cœur d'une femme avec un grand F. À la fois Forte et Fragile. Cecile Souchois-Bazin conte, chante, dit, et ose. Elle nous embarque sur ses terres de Normandie, là où le crachin est roi 300 jours par an et où la terre est généreuse.
Elle l'est aussi, généreuse. Cécile raconte sa naissance, son enfance, ses envies de découvertes, ses douleurs et doux leurres. Elle mélange à ses souvenirs des légendes de ce pays où les falaises blanches d'Étretat sont frontière de la mer. On rit on s'émeuve on en voudrait encore...
Non, le cœur d'une femme ne bat pas seulement sous son sein gauche, non, il bat dans sa tête son corps sa bouche ses entrailles. Il vibre. Et nous avec aux mots et à la voix de la conteuse.
Sa compagnie s'appelle ''Le silence des mots''. Et quand les mots silencent, ils raisonnent et résonnent encore plus. Souvent...
Si tu as envie d'une belle petite heure de poésie et d'évasion, fonce […] »
Marie-Cécile Fourès pour La vi-ll-e en rose (Mars 2019)
Enfant, elle ouvrait ses yeux sur le monde... vaste, étrange, mystérieux...
Elle a tenté de le raconter, elle a parlé, encore et encore, elle a voulu dire, énoncer, expliquer, annoncer, discuter… Histoire de savoir, de comprendre, de questionner, d'explorer les sentes secrètes de la vie, celles que les adultes enflés de certitudes, ne soupçonnent plus, n'entendent plus, n'explorent plus…
Sociologue, elle est partie sur les chemins glaner des tranches de vie... Écouter, observer, analyser la parole des gens, les récits de la vie. Des Histoires, elle en a écrites pour les dire ces récits…
Et puis est venu le temps où elle a écrit avec le corps, parlé avec lui, raconté avec d'autres… elle a découvert le mouvement authentique… toucher, être touchée, sonder les strates oubliées de son âme, explorer les voies sensibles, profondes de son être… le monde s'est ouvert, elle pouvait improviser, exprimer ses émotions. Dès lors, les mots ont surgi ! A haute voix elle s'est autorisée à en partager la musique, le rythme, le bercement comme le ressac, en murmurant, en chantant, en déclamant… elle a ouvert la voie de sa voix, est entrée en narration...
Cette expérience fondatrice l'a engagée à explorer les chemins du conte : elle a pris son bâton de parole, est allée à la rencontre d'autres, conteurs et conteuses ; elle a soif d'apprendre, de raconter, de ciseler ses récits... De belles rencontres ont incontestablement nourri son travail : Michel Hindenoch, Gigi Bigot... Et surtout il y a eu un travail approfondi grâce à la patience et l'implication de Philippe Sizaire. Depuis 2017, David Tormena met en scène ses spectacles jeune-public.
Par ailleurs, elle s'est abreuvée et émerveillée de la littérature orale auprès de Marc Aubaret pendant trois années au Centre Méditerranéen de Littérature Orale (CMLO) à Alès.
Aujourd'hui, cette femme respire, elle est entrée dans la forêt, elle entend la voix des arbres, elle écoute le bruissement du monde…
Elle partage le chant de la terre, avec les femmes, avec les hommes qui, comme elle, peuvent entendre au-delà des mots la narration du vivant. Elle fait fleurir ses rêves, fait de sa vie un conte…